«Une mort accidentelle» de François Archambault au Théâtre La Licorne – Bible urbaine

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«Une mort accidentelle» de François Archambault au Théâtre La Licorne

«Une mort accidentelle» de François Archambault au Théâtre La Licorne

Une enquête où trônent le mensonge et le doute

Publié le 20 janvier 2017 par Alexandre Provencher

Crédit photo : Suzane O'Neill

Avec Une mort accidentelle, François Archambault fait son grand retour au Théâtre La Licorne. Fort de ses succès antérieurs, dont Tu te souviendras de moi, le dramaturge s’est penché sur le crime, le châtiment et le pardon dans son nouvel opus. La pièce est divertissante et drôle, peut-être même trop. On passe certes un bon moment. Mais le sujet est grave, dramatique, et l’auteur parvient durement à créer un inconfort et une tension qui auraient rehaussé l’expérience théâtrale de ce huis clos morbide.

Philippe et Lucie forment le couple chouchou des Québécois. Les réseaux sociaux et les magazines à potins s’enflamment devant leur mariage imminent et leur chalet fraîchement rénové. Il ne suffit que d’une dispute pour que leur vie bascule et qu’un accident fatal se camoufle en assassinat des plus sordides. Après cette tragédie, Philippe se réfugie chez ses parents qui tentent de l’aider. La raison laisse place à la peur, à la stratégie, au mensonge, au complot. Puis, l’étau de la vérité se resserre autour des protagonistes qui maquillent péniblement leur scénario bancal.

C’est autour de cette intrigue simple mais ô combien intéressante que François Archambault dresse les contours d’une tragédie familiale durant laquelle le doute est constant et la moralité est questionnée. Tout cela est amené d’une manière humoristique par des personnages très caricaturaux. Il s’agit ici de l’une des plus grandes critiques de la pièce.

Effectivement, les huit personnages sont peu exploités, leur psychologie n’est pas tant fouillée, et l’on s’interroge sur l’intérêt de les avoir tous maintenus. Cela amène plus de confusion que de réelles tensions. Par exemple, était-ce vraiment nécessaire de connaître les problèmes personnels de la journaliste culturelle? Ou qu’en est-il des aspirations de la mère de la défunte?

Parfois, on sent que l’auteur ratisse un peu large et que certaines subtilités des personnages auraient eu l’avantage d’être mieux exploitées, ou simplement abandonnées.

Sur le plan de l’interprétation, Une mort accidentelle peut compter sur une belle brochette de comédiens. Mentionnons particulièrement Pierre-Yves Cardinal, qui possède l’aplomb et l’énergie du désespoir exigés dans le rôle central de cette pièce, ainsi que Denis Bernard dans le rôle du père, qui impressionne. Puis, Micheline Bernard, quant à elle, nous fait décrocher un sourire dans presque toutes ses interventions.

D’ailleurs, la mise en scène de Maxime Denommée est fluide et sans artifice. Elle met davantage l’accent sur les dialogues, les non-dits et l’humour de cette pièce que sur l’espace en tant que tel.

Somme toute, il s’agit d’une bonne pièce de théâtre. Cependant, avec le potentiel présent dans cette pièce, il est étonnant que le dramaturge n’ait pas misé davantage sur la psychologie des personnages et la tension insoutenable qui les habite.

«Une mort accidentelle (ma dernière enquête)» de François Archambault, dans une mise en scène de Maxime Denommée, est présentée jusqu’au 25 février 2017.

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Par Suzane O'Neill

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