«Un vent se lève qui éparpille» de Jean Marc Dalpé au Théâtre La Licorne – Bible urbaine

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«Un vent se lève qui éparpille» de Jean Marc Dalpé au Théâtre La Licorne

«Un vent se lève qui éparpille» de Jean Marc Dalpé au Théâtre La Licorne

Un beau roman qui peine à se transformer en autre chose

Publié le 10 novembre 2016 par Isabelle Léger

Crédit photo : Marianne Duval

Dans un village nordique et isolé, où les évènements tragiques demeurent dans les mémoires longtemps, une passion amoureuse vécue par deux hommes pour la même jeune femme conduit à un meurtre. Tour à tour, les quatre protagonistes de ce drame familial raconteront leur version de l’histoire en dévoilant leur désir, leur haine et leur violence.

Multi-surdoué de la scène artistique franco-ontarienne, Jean Marc Dalpé collectionne les prix et reconnaissances depuis sa pièce Le Chien, en 1988. En 1999, le dramaturge faisait paraître un roman poétique couronné du Prix du Gouverneur général. C’est cette œuvre tragique, exigeante dans sa forme et magnifiquement écrite que la metteure en scène Geneviève Pineault a adaptée en collaboration avec Alice Ronfard et Johanne Melançon. La production créée l’hiver dernier au Centre national des arts est de passage au Théâtre La Licorne.

Dans cette histoire d’inceste où la colère suscite le meurtre impulsif, où le ressentiment mène au suicide, l’intérêt réside davantage dans les mots choisis pour la raconter que dans le suspense. On comprend donc Geneviève Pineault d’avoir conservé ces mots intacts. Il en résulte un récit en grande partie narré, composé de monologues, parfois entrecoupé de dialogues. On salue d’ailleurs la présence forte des quatre comédiens principaux, David Boutin, Milva Ménard, Bryan Morneau et Anick Léger, malgré une proposition scénique leur permettant peu d’interactions.

Le décor de planches et de madriers évoque de manière concrète la grange et la cabane, mais au-delà, par les interstices et les fentes, les regards dérobés des personnages et le voyeurisme imposé des spectateurs. On aurait peut-être pu jouer davantage sur ce symbolisme, car dans l’état actuel, on se demande un peu où réside la nécessité de porter une telle œuvre à la scène, et quelle est la part de sens ajoutée par l’incarnation. La référence explicite à la tragédie grecque, où les protagonistes sont marqués par la fatalité dans les choix qu’ils croient les leurs, ne suffit pas à dédouaner l’auteur et la metteure en scène de cette nécessité.

Va-et-vient entre réflexions introspectives et communication directe à l’auditoire, le texte dans sa forme adaptée ne trouve pas dans la mise en scène les impulsions dynamiques dont il aurait besoin pour le transformer en véritable œuvre théâtrale. Pour que l’histoire prenne vie véritablement sous nos yeux, sans doute aurait-il fallu sacrifier davantage de texte, aussi magnifique soit-il.

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Par Marianne Duval

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